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Edito Juillet-Août 2023

Partir en fumée

Arrêtez je vous en supplie, je vous le demande à genoux malgré mes ligaments croisés douloureux, je vous lance un dernier appel, arrêtez de mettre le feu, arrêtez de tout brûler, la fumée est arrivée jusque dans le Lot, je ne peux plus respirer, j’étouffe dans mon cerveau, j’ai les soupapes bouchées, la fumée arrive jusqu’à Marcilhac, ça pue, soyez responsable, tout ne peut pas partir en fumée comme cela, et que pendant ce temps là, vous regardiez ailleurs. A qui faut-il s’adresser ?

Que fait la police (encore des conneries). Même Dieu regarde ailleurs, c’est certain. Il doit mater une série sur Netflix. Car oui, faut pas se voiler la face cachée de la lune, si on scrute le ciel, on voit bien qu’il n’est pas si bleu, qu’il est caca boudin, et la nuit, on ne voit pas les étoiles, ce qui est rare dans ce coin de terre.

Ce matin, je me suis réveillé en sursaut, dans ma cabane en bois, non je n’ai pas fait un cauchemar, c’est ce message, ce message, ce sms de mon fils, il est bien réel « nous sommes partis pour la maternité, trouve quelqu’un pour t’emmener à la gare »

Excusez-moi par avance de vous introduire sans effraction dans le sein sacré de ma famille, mais ma belle-fille va accoucher dans la journée, c’est son deuxième enfant, et du coup mon fils qui devait me ramener ce matin à la gare d’Assier, ne peut pas, et moi je remonte en train sur Paris. Aussitôt, je m’assure par un message retour que tout va bien à la maternité.

Sans réponse, l’inquiétude me gagne de nouveau. Je suis à bout de nerfs.

Il faut dire que ces derniers jours la tension est montée en flèche à Marcilhac-sur-Célé, où d’habitude tout est vraiment calme. Moi ici, je suis coupé de tout, pas de télé, pas de radio, pas de journaux, aucune nouvelle du monde ne vient troubler ma tranquillité. Mais ces derniers jours, les visages étaient défaits, rongés par la peur qui s’étale comme les rillettes de canard sur les ondes de CNEWS et BFM, et j’ai tenté en vain à chaque fois, maladroitement, je l’avoue sous la torture, de rassurer les habitants de Marcilhac, centré comme j’étais, sur la grossesse de ma belle fille « c’est pour bientôt, c’est la fin, c’est bientôt le terme ».

Bref, je descends au café associatif pour trouver une solution pour aller à la gare d’Assier, et le hasard, qui avec moi est sympa, me conduit chez l’anglaise qui tient la galerie juste à deux pas. Elle part raccompagner une amie anglaise qui prend elle aussi le car depuis la gare d’Assier pour Brive- la-gaillarde, ensuite on change et on prend l’Intercités pour Paris.  Avec moi vous commencez à connaître toutes les liaisons dangereuses du royaume ferré de Macron.

Départ à bord d’une vieille Mercédès, elle roule bien, un voyage tranquille.

Arrivé à Assier j’apprends que le chauffeur du car n’a pas pu décoller, il a explosé son volume horaire, et l’entreprise, qui ne suit pas la cadence, n’a plus de remplaçant. Moi aussi, comme Macron, je traverse la rue et je vous trouve du boulot à Assier.

Du coup nous voilà avec l’amie anglaise et une étudiante à bord d’un taxi payé par la SNCF. Chut ! Je vous en prie, ne le dites pas à Macron.

Le chauffeur vient de Figeac, à cinquante minutes de route d’Assier, car la SNCF n’a pas trouvé de taxi libre dans une ville plus proche. Le chauffeur du taxi s’appelle Yoann, il est originaire de Lens, il a l’avant bras gauche recouvert de tatouages.

Je lui demande à Figeac t’as vu de la fumée toi aussi oui qu’il me dit je lui demande t’es inquiet non qu’il me dit je suis supporter du RCL et j’aime les fumées des fumigènes surtout celles des couleurs du RCL. Yohan aime tellement les fumigènes qu’il retourne vivre à Lens en septembre, afin de suivre le RCL dans ses déplacements européens ; si ce n’est pas de l’amour ça !

Pour les lecteurs qui ont zéro en football, le RCL, c’est le Racing Club de Lens. Club mythique du feu bassin houiller du Pas-de-Calais. C’est aux supporters du RCL que nous devons cette chanson « on est là, on est là, dans le malheur ou la gloire nous on est là, pour l’amour du maillot que vous portez sur le dos, dans le malheur ou la gloire, nous on est là ! »

Reprise et modifiée dans les cortèges de ces dernières années, et cela donne :

On est là, on est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là, pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur, même si Macron ne veut pas, nous on est là ». Excusez-moi les footeux, mais cette reprise a de la gueule !

Vous parlez d’un monde meilleur avec toute cette fumée. 

Nous sommes arrivés à Brive plus vite qu’en car, et cela a coûté plus de 260 € à la SNCF, mon billet de Car m’avait coûté 6,70 €, mais chut, ne l’ébruitez pas, ça pourrait gâcher les vacances de Macron.

Du coup, je change mon billet de train, je monte dans l’Intercités précédent, n’oubliez pas que j’ai une Carte Liberté, hé hé ! J’achète le journal Libération, mais je décide de ne pas le lire tout de suite, j’en ai assez des mauvaises nouvelles, elles attendront la fin de mon voyage.

Toute cette fumée a amplifié mon éco-anxiété ça agit sur mon transit en dépit de toutes les bananes que je mange. La banane est excellente pour le transit je préfère demander à mon fils où cela en est car maintenant je me sens comment dire dans l’obligation de vous tenir au courant vous faites pour ainsi dire partie de la famille un sms de mon fils tout suit son cours C pour la fin de la journée nous voilà rassurés ce sera une ou un futur juilletiste pas pressé-e. Ouf ! Je respire !

Le train avance bien, par contre, mon voisin est un colosse. Mais pas de souci, je suis social. Je lui fais de la place en lui faisant remarquer qu’il pourrait payer double car il prend deux places.

Je gagne du temps, car j’espère vous donner une bonne nouvelle avant l’arrivée à Austerlitz.

Ça va mal en France, c’est le chaos, la France est la risée de l’Europe, Macron a un petit air Bonaparte avec ses 100 jours. Waterloo morne plaine.

Je rapporte ce que l’anglaise a dit tout à l’heure au téléphone à une amie, pendant qu’on attendait le taxi devant la Gare d’Assier. J’ai tendu mon oreille outre-manche. J’ai peur qu’elle n’ait été intoxiquée par toute cette fumée, j’ai senti une pointe d’ironie so british. Tout de suite des insultes grecques. Moi aussi je suis choqué, mais bon, il paraît que ces nuages de fumée qui ont envahis le Lot, n’ont pas nui à notre santé, ce n’est pas le nuage de Tchernobyl tout de même, certes, mais ce nuage canadien ne respecte pas les frontières non plus, il a traversé l’Atlantique plus facilement que les migrants qui traversent la Méditerranée. Plus de 9 millions kms carrés de forêt, partis en fumée, qu’ils gardent leur fumée chez eux les canadiens, on est chez nous, ça sent le sauvage et l’ours brûlé jusque dans le Lot. Et dire que les états canadiens veulent continuer l’exploitation du pétrole… on marche sur la tête. Je suis en queue de train, va falloir que je remonte tout le quai à l’arrivée à Paris.

Revoir Paris et me retrouver chez moi. Revoir la banlieue et ses bleus aux corps et à l’âme. 

Je suis en joie. Je suis content car je répète demain au Fossés-Jean à Colombes, le spectacle Radio Bitume, qui parle des contrées sauvages, nous préparons le festival Chalon dans la rue. Je vous en donne un extrait.

L’homme entre dans le bar PMU. Les émeutes de la veille s’étalent sur la télé en continu. Omar le patron du bar écrase sa cigarette. L’homme s’adosse au comptoir, commande un café noir. Le percolateur tousse. Le visage de l’homme flotte dans la fumée.

Omar le patron du bar est un homme en colère

A chaque émeute ça lui coûte cher

Hier sa vitrine ils l’ont encore taguée

La prochaine fois a dit Omar ils mettront le feu

Ces jeunes, ces minots devraient être chez eux 

C’est la faute du père, c’est la faute de la mère 

Prends l’argent de la CAF ça va les calmer  

Omar le patron du bar est un homme en colère

Nous, on n’était pas comme ça à leur âge 

Eux ce sont des animaux des sauvages 

Omar le patron du bar est un homme en colère

Faut pas se tromper de colère Omar

Sont pas les jeunes qu’ont changé 

C’est le système qui les a précarisés

C’est le système qui les a oubliés

C’est le système qui te met de côté

Avec toute cette fumée en banlieue, à Marseille, Lyon, on ne voit plus rien, c’est un écran de fumée sur BMF… comme cela on ne parle plus du reste…

On est là, on est là, même si les multinationales ne le veulent pas, nous on est là, pour que la terre reste verte et pour un monde meilleur, où chacun trouvera sa place, même si les multinationales ne le veulent pas, nous on est là »

Toute ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite

Et je vous promets de vous dire si c’est une fille ou un garçon, pour cela il suffit de m’écrire…

 

Rachid Akbal

 

 

 

Retour à Ithaque

Banquet-spectacle participatif

Samedi 30 septembre à 16h30 à l’Espace Saâd Abssi, 16 rue Julien Mocquard à Gennevilliers (92) en partenariat avec le service du Développement Culturel de Gennevilliers

Entrée libre sur réservation : 01 40 85 60 76 – Horya.Makhlouf@ville-gennevilliers.fr

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Cent culottes et sans papiers

Spectacle d’histoires courtes

Samedi 14 octobre à 16h à l’Espace Nelly-Roussel, 3 mail Marie-Curie à Villeneuve-la-Garenne (92) en partenariat avec le Service culturel.

Réservation : 01 47 98 11 10 – culture@villeneuve92.com

+ représentation réservée aux groupes scolaires (tarif unique : 2 €) : vendredi 13 octobre à 9h45 et 14h30

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Rumeurs Urbaines

Festival et fabrique du conte et des arts du récit

24e édition du 29 septembre au 28 octobre 2023.

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