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Edito Novembre 2023

J’ai fermé les yeux

J’ai fermé les yeux le 07 octobre.

J’ai fermé les yeux sur l’horreur d’un crime, d’une journée sans fin.

Pour ne pas voir et entendre ce que mon cœur ne pouvait supporter.

Sur ce qui n’a plus de mots pour l’écrire et le redire.

J’ai fermé les yeux plusieurs jours, depuis.

J’ai fermé les yeux sur cette pluie de bombes meurtrière qui se déverse, cette pluie incessante, sur la prison à ciel ouvert qui s’appelle Gaza.

 

Je me rappelle les avoir déjà fermés à maintes reprises, car l’histoire là-bas, à Gaza, elle se conjugue en répétition, les mêmes images à Gaza et en Cisjordanie depuis tant d’années.

 

L’autre jour, j’ai trouvé ma mère dans la cour de sa maison, ma mère vieille dame de 91 ans.

Elle pleurait, ses yeux étaient secs, elle pleurait sur ce monde déchiré, elle n’avait pas de drapeau accroché au cœur, ou alors ils étaient en lambeaux.

 

Je me souviens que quand j’étais petit, elle pleurait déjà en regardant les photos du salon, elle pleurait ses morts, elle pleurait son frère et ses cousins. Eux les combattants du FLN, morts pour une terre libre désormais qu’ils n’auront jamais vue.

 

J’ai grandi avec les larmes de ma mère. Mes yeux pleurent comme ceux de ma mère.

Comme elle aujourd’hui mes yeux sont secs.

 

J’ai pris le train, d’habitude, je vous raconte mon voyage, je regarde les gens, et les histoires me viennent dans les doigts. Je voulais vous parler des Rumeurs Urbaines qui viennent de se terminer, du bonheur de cette dernière édition. Mais mes doigts sont secs.

Dans le train, j’ai regardé les gens pour les faire parler mais je ne les voyais plus, ils étaient derrière mes yeux fermés.

J’entendais juste le silence des gens. Depuis j’entends partout le silence autour de moi. Et quand j’ouvre la porte aux mots, ils arrivent comme les flots de la colère.

« On ne parle pas car qu’est-ce qu’on peut y faire ».

 

Je me souviens d’une discussion enflammée avec un camarade sur la situation là-bas, nous étions 5, c’était à Marseille nous répétions « Mon vieux et moi », une création de la Cie le Temps de Vivre. Ce camarade avait fait son service militaire en Israël en tant qu’infirmier.

Notre discussion était courtoise et animée. Les autres ne voulaient pas entrer dans cette discussion, alors que je leur demandais de prendre part à cette discussion. Ils me répondaient : « c’est votre histoire ».

 

Quelle histoire est la mienne depuis que je suis petit ? Tant de guerres. Tant d’enfants, de femmes, de vieillards, de mères, d’hommes déchirés par la folie de l’Homme.

Algérie, Vietnam, Cambodge, Biafra, Palestine, Irak, Bosnie, Rwanda, Syrie, Yémen Ukraine…

 

Aujourd’hui, je ferme les yeux. Je regarde en dedans de moi. Je regarde au plus profond de moi. Je regarde cette lumière que je ne veux pas voir mourir. J’ai besoin de la voir. Il ne faut pas que je laisse l’ombre éteindre la lumière. Je ne veux pas vivre dans l’obscurité. Nous devons croire et accepter cette lumière en nous. Il faut la cultiver. Il ne faut pas les écouter, cela fait longtemps qu’ils ne savent pas ce qu’ils disent, ce n’est pas avec la guerre que l’on fait la paix, que l’on construit un monde de justice. Nos enfants n’ont pas de frontière, pas de nation, pas de drapeau. Ils ne naissent pas avec des fusils ou des pierres dans les mains.

Nos enfants ont des yeux rieurs, des yeux pour embellir le monde.

 

Rachid Akbal

 

 

 

Ma mère l’Algérie

Conte populaire en hommage à la terre mère

Vendredi 17 novembre à 19h30 à la MJC Théâtre, 96 rue Saint-Denis à Colombes (92) en partenariat avec la mairie de Colombes, dans le cadre du festival des Solidarités Internationales

Entrée libre sur réservation : 01 47 60 00 98 – info@le-temps-de-vivre.info

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Rumeurs Urbaines

Festival et fabrique du conte et des arts du récit

24e édition du 29 septembre au 28 octobre 2023.

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