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Edito Mars 2024
Le printemps s’annonce déjà. Au point du jour les branches des arbres ensanglantées de couleurs vives. Une lumière pâle pèse sur la ville. Un homme à sa fenêtre, une cigarette au bec, tousse et crache. J’ai un objectif : « Fleurir cet été ». (1)

Je marche vite, sous la pluie fine, je sens monter la sève nouvelle le long de mes jambes. Je reviens de la piscine, où je m’impose un entraînement régulier.

Autant que le personnage de notre nouvelle création, un spectacle court pour les scolaires que nous avons monté rapidement, Moi Kaci gardien du stade. Un portrait tendre, poétique et drôle d’un homme ordinaire qui raconte son quotidien d’homme de ménage, et son amour pour le stade Yves Du Manoir. Rigueur et exigence sont les deux mots dont il a fait une règle de vie. Kaci nous conduit aussi dans les méandres de la Grande Histoire. (2)

Nous allons le jouer la semaine du 11 mars au stade départemental Yves Du Manoir. Nous avons mené en parallèle des ateliers de sensibilisation auprès des scolaires, des classes de CM2. J’ai essayé de bâtir des ponts entre l’art et le sport, en m’appuyant sur la notion de spectacle.

Je suis devenu sans le vouloir un VRP du mouvement Olympique.

J’ai répété plusieurs fois le mot rigueur, mais surtout du bien-être que procurent les longueurs de bassin que je m’impose dès l’aube tous les matins, moi qui préférerais laper mon thé en regardant la vapeur qui flotte en volutes légères.

J’aurais dû leur parler des bienfaits de la lenteur et de la contemplation. Il y avait pas mal d’agités et d’anxieux. Cela touche une génération d’enfants. Je ne savais pas que sous les tables aujourd’hui, on met un pédalier pour les hyperactifs, ou bien on leur propose de s’asseoir sur de gros ballons.

La contemplation, c’est important, surtout dans ce monde où tout va trop vite, il faut s’arrêter, contempler et ne rien faire. Dans les transports en commun, beaucoup sont coupés des autres, avec des écouteurs sur les oreilles et des mains occupées par des smartphones. J’ai déjà vu cette scène incroyable où deux personnes assises face à face, écouteurs à l’oreille, parlent à haute voix en même temps, tout en s’adressant chacun à une autre personne invisible !

D’ailleurs en parlant d’écouter les autres, j’étais dans une salle d’attente à Brive-la-Gaillarde, et j’ai entendu cette petite pépite. Deux grandes adolescentes et leur maman. Une des filles dit « c’est une trilogie mais il y a quatre livres ». L’autre, normal, lui dit « alors pourquoi est-ce qu’on ne dit pas une quatralogie? » La première dit « parce que c’est comme cela, c’est une trilogie, pas une quatralogie ». Je voulais juste leur dire qu’on appelle cela une tétralogie, mais je n’ai pas eu le temps. Elles ont couru attraper un train, nous étions en plein mouvement social. J’ai eu mon TER, et suis arrivé dans le LOT pour jouer au Grand-Terre avec mes petits enfants. (3)

Pour le voyage de retour j’ai réussi à attraper un train.

L’Intercité était plein d’agriculteurs ou d’éleveurs qui montaient au salon de l’Agriculture faire un petit coucou à Macron. Il y avait deux personnes qui finissaient leur déjeuner patriotique, tranches de jambon, fromages et bouteille de Cahors. Puis, ils ont bu quelques bières pour calmer leur soif. L’absorption d’une quantité importante de bière facilite l’augmentation du volume vocal, mais pas l’articulation, mais elle a aussi des conséquences sur l’incontinence urinaire de ceux qui écoutent aux portes, et j’ai dû tendre l’oreille et courir aux toilettes. J’ai pris soin de m’asseoir sur le siège en pensant à la mésaventure qui est arrivée à un copain. Durant un voyage à bord d’un TGV, il s’est absenté pour un besoin naturel. Sa compagne a entendu une annonce, on demandait un médecin. Elle a vu revenir son compagnon, mon copain, le front enturbanné d’une bande de gaze. Il fait partie de ceux qui pissent debout. Il tient l’objet du délit d’une main et de l’autre le haut de son pantalon qui est légèrement baissé sur ses jambes, ce qui entrave la stabilité du pisseur. Désolé mais je suis obligé d’entrer dans les détails.

Bref, le train a freiné sec, et il s’est retrouvé projeté vers l’avant, étant de ceux qui portent des lunettes… vous devinez la suite, crac les lunettes, et la branche ensanglantée d’une couleur vive de sang.

Aussi écrivais-je, je me suis assis, je vous avoue que j’ai laissé la porte entr’ouverte pour ne rien perdre de la discussion que les buveurs patriotiques entamaient avec mes voisins de siège, non pas les toilettes, le compartiment. Il s’agit d’un jeune éleveur de brebis accompagné de son apprenti en alternance.

Soudain, le train s’est arrêté brusquement en pleine voie, juste au-dessus de la Loire exactement, au moment même où je me levais, et remontais mon pantalon, pour me rattraper, j’ai posé la main sur la porte…  Entr’ouverte… Mais reprenons où nous en étions.

Celui qui parle le plus fort est un ancien rugbyman, il commente son voyage au téléphone à ses amis déjà arrivés sur Paris, (je suis précis). Là, il répète ce que le conducteur du train nous a dit.

Nous sommes arrêtés à cause d’une divagation animale sur les voies.

Nous sommes arrêtés à cause d’une divagation animale sur les voies.

Il répète cela en boucle, divagation animale, en provoquant les rires de toute la rame. Je reprends ma place une bosse au front, entouré du brailleur.

Nous sommes arrêtés à cause d’une divagation animale sur les voies.

Mais belle surprise, bientôt nous partageons une discussion sur les programmes d’échange entre les lycées agricoles et le monde culturel. Sur l’écologie des villes et des champs avec l’éleveur de brebis. Le rugbyman a travaillé dans les lycées agricoles, et a emmené pendant des années des classes de fils de paysans en Pologne, en Espagne. (4)

Aujourd’hui, il s’occupe de jeunes migrants, il en parle avec force et émotion.

 

Le train s’engouffre dans le ventre de Paris. Nous nous saluons sur le quai tous les cinq.  Plusieurs poignées de main chaleureuse. Je marche sur le pont. La Seine promène la Lune de clapotis, en clapotis. La nuit arrive.

 

(1) Cet été nous serons à Avignon dans un Carmel pour jouer Retour à Ithaque.

 

(2) En 1939 le gouvernement français à transformé le stade de Colombes en camp d’internement pour les réfugiés politiques « le camp des indésirables ».

 

(3) Dis-moi Grand Terre, prochaine création de la Cie pour automne 2025, va nous parler du syndrome de l’anxiété d’anticipation qui touche aujourd’hui les enfants et les adolescents.

 

(4) Nous avons l’année dernière emmené des élèves décrocheurs dans le Lot, pour randonner et bivouaquer à la belle étoile.

C’est dans les projets pour renouveler cela en 2025, avec les élèves de la Classe conte du collège Gay Lussac.

 

 

 

 

 

Ma mère l’Algérie

Conte populaire en hommage à la terre mère

Vendredi 17 novembre à 19h30 à la MJC Théâtre, 96 rue Saint-Denis à Colombes (92) en partenariat avec la mairie de Colombes, dans le cadre du festival des Solidarités Internationales

Entrée libre sur réservation : 01 47 60 00 98 – info@le-temps-de-vivre.info

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Rumeurs Urbaines

Festival et fabrique du conte et des arts du récit

24e édition du 29 septembre au 28 octobre 2023.

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