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Edito Mars 2025

Le train vient de quitter Toulouse, j’ai changé de train à Montauban car je venais de Cahors, je suis parti en voiture ce matin tôt de la vallée du Célé jusqu‘à la gare de Cahors.

Oui, ce soir, cela fera un long voyage quand j’arriverai à Marseille, mais cela ne me gêne pas, j’aime les voyages en train. Ainsi, j’étais encore ce matin dans la vallée du Célé, où j’ai joué pendant quelques jours à Grand-Terre* avec ma petite fille. Je mène une approche réelle et sensible du personnage façon Actor Studio, le vécu rien que le vécu. Ce matin, très tôt avant de partir, j’ai écouté les oiseaux. J’ai entendu plusieurs chants différents. Je sais, on entend aussi les oiseaux en ville. Oui, mais à la campagne c’est pas pareil. Tout est différent à la campagne. Le ressenti n’est pas le même. Demandez aux agriculteurs.

La FNSEA, la confédération Rurale, le RN, LR, le premier ministre et j’en passe, se plaignent sans cesse que les agriculteurs subissent trop de contrôle (inspection de travail, contrôles sanitaires et environnementales) aussi, le gouvernement a promulgué un décret ou une loi, qui impose à chaque exploitation un seul contrôle par an obligatoire. Mais le plus drôle, c’est qu’actuellement seulement 10 % des exploitations agricoles sont contrôlées chaque année, faute de moyens et de personnel. Cette soi-disant pression qu’ils subissent, on appelle cela le ressenti. Il fait 12 degrés, mais le ressenti est de 7 degrés. À partir de cette année, il va falloir embaucher grave pour assurer les contrôles des 90 % exploitations non contrôlées. Le ministère de la fonction publique va certainement s’employer à expliquer aux agriculteurs cette loi physique du ressenti.

Vous ne saviez pas que ce gouvernement avait autant d’humour.

 

Je disais, il y a un instant à mon voisin d’une trentaine d’années, qui est charpentier, assis au siège N° 26 de la rame 5, que les opposants de l’autoroute A 69 vont pouvoir eux aussi écouter de nouveau le chant des oiseaux. Il m’a répondu, alors qu’il vit dans un tout petit village sur le Causse, qu’il n’avait pas d’opinion sur ça. Dommage, il me vantait pourtant les joies de vivre loin des fureurs de la ville.

 

Bref, ils ont gagné, enfin une bonne nouvelle ! Vous êtes au courant, les travaux de l’autoroute A 69 entre Castres et Toulouse vont devoir s’arrêter. Le tribunal administratif de Toulouse a donné raison aux opposants de l’autoroute. Les raisons économiques, le gain de temps (20mn) etc., ne sont pas recevables. Ni les arguments prononcés pour protéger (mon œil) les espèces menacées et les écosystèmes (mon deuxième œil). J’en parle en même temps que j’écris à ma nouvelle voisine place 31, je viens de changer de place, il n’y a plus de lumière à la place 34. Elle a une soixantaine d’années, elle s’appelle Isabelle, habite Agen dans le Lot-et-Garonne et travaille dans le social (une possible chouette conteuse pour le TDV). Elle parcourt le journal que je lui ai mis entre les mains, elle me dit, « c’est formidable », avec un sourire, un vrai sourire de joie.

Moi aussi, je me sens joyeux à l’idée que les oiseaux vont chanter pour emmerder tous ceux qui voulaient les obliger à vivre ailleurs tels des Palestiniens avec leurs bardas enveloppés dans leurs vieux chèches délavés comme leurs espoirs, et qui n’ont pas réservés d’hôtel dans la riviera de Gaza.

 

En voyant son sourire, je me sens soudain dans la peau d’un influenceur, d’un militant écologiste infiltré dans le réseau SNCF. Je suis à ma façon, un de ces écureuils, qui rendaient folles les forces de l’ordre. « Na-na-na, on ne descendra pas des arbres. On a notre sac de couchage, tra-la-lère ».

Moi, je suis descendu de mon arbre, non pas avec mes noisettes, je suis descendu avec mes convictions.

À peine a-t-elle fini de lire l’article, que je passe le journal à une autre personne.

L’agitation gagne la rame. Une autre personne assise à la place 17, demande le journal. Je fais signe à Isabelle de prendre les réservations, car les demandes sont nombreuses. Je ne voudrais pas créer de désordre. Je vois la une du Midi Libre du 1ermars : La contamination écologique.

Un terroriste écologique armé d’une queue en panache rousse, non-content de célébrer une victoire non acquise des opposants à l’A69, car le gouvernement vient de faire appel du jugement, donc ce terroriste a créé hier soir une émeute dans un train en direction de Marseille, et faisant cela, il a mis en danger la vie des passagers innocents et verts de peur.

La bombe écologique est lâchée. 

 

La lumière est très belle sur l’étang de Thau, cette fois, je ne fais que passer.

 

Cette nouvelle, c’est de la lumière aussi. Il faut savoir apprécier une victoire.

À vrai dire, influenceur, je le suis depuis longtemps. À mon contact, des personnes sont en admiration de ma superbe ligne, (Je feins souvent de l’ignorer). Quand ils apprennent que je suis végétarien, aussitôt, ils mangent moins de viande. Certains ont à mon contact un regard positif sur les chauves, alors qu’ils avaient tendance à se moquer d’eux. Faut dire que je vante toujours les effets bénéfiques de la perte de mes cheveux. La moralité m’oblige à ne pas révéler un de ces effets qui me flatte beaucoup, je l’avoue. Je croise de plus en plus de personnes qui jouent du ukulélé, et comme ils suivent le même tuto que moi, ils jouent le même morceau et ils en sont au même stade que moi.

En même temps, je ne sais pas si c’est une bonne idée de proclamer que je suis un influenceur, n’oublions pas que je suis algérien. Il règne un climat délétère entre la droite, l’extrême droite, l’extrême centre et le gouvernement algérien. Je risquerais d’être emprisonné et de servir de monnaie d’échange pour la libération de Boualem Sansal.

 

Comme le Monde va mal, je me dis qu’au lieu d’être un influenceur sans même le savoir et qui risque d’aller en prison, je pourrai faire quelque chose de plus net et plus grand. L’action politique me fatigue. Le militant, pour les causes justes, qui sommeille en moi dort profondément tel un écureuil en hibernation dans le froid de l’hiver. 

Alors je me dis, mais là, cela serait cette fois intentionnel. Je me dis que je pourrais pénétrer le cerveau des gens, une sorte de mentaliste, les manipuler sans que cela se voit, et je pourrais viser haut si vous voyez où je veux en venir.

 

Le train est bloqué, à cause d’un animal sauvage qui ne connaît pas les règles de circulation en vigueur. Du coup, nous sommes invités à descendre respirer et marcher sur le quai d’une gare.

Tiens les gens autour de moi, ceux de la rame 4 et 3, ils fument.

Allez, je commence, je tente le coup, première étape, je pénètre leurs cerveaux. Voyons ce qu’ils pensent en ce moment.

 Saloperie de sanglier, et ces cons d’écolos. S’ils les aiment tant qu’ils les prennent chez eux.

 

Je voudrais bien plaider la défense des sangliers, et faire que ces gens adoptent un sanglier. Mais à force d’entendre ceux de la rame 3 et 4 parler dans leurs têtes, j’avoue que moi aussi…

Moi, c’est le troisième train que je prends en moins de 10 jours qui va arriver avec au moins 1 h de retard, et ce soir, j’en ai ras le bol de ces retards, non, c’est vrai, la nuit tous les sangliers sont gris, et ils me font… ces sangliers, et bien fait pour leurs… de pas finis, s’ils finissent en pâté. En plus, je suis végétarien.

 

Je m’excuse, je me suis emporté. En plus, le train repart, au ralenti certes, mais il avance, lentement, c’est déjà cela.

 

Bon, ben, après réflexion, je ne suis plus certain de vouloir pénétrer le cerveau des gens.

Je préfère comme Salomon comprendre le chant des oiseaux.

 

*Grand-Terre est le personnage du prochain spectacle de la Cie TDV, Dis-moi Grand-Terre.

 

Sortie de création pour Dis-moi Grand-Terre en décembre 2025.

prochaines dates à venir.

 

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Festival et fabrique du conte et des arts du récit

La 26ème édition aura lieu en octobre 2025. 

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